13 mars 2006
La conquête de Majorque !

Jacques 1er le conquérant Une première conquête des îles Baléares, occupées par les musulmans depuis le début du X° siècle, avait déjà été effectuée en 1114-115 par une expédition catalano-pisane ; mais après avoir pillé Ibiza puis la cité de Majorque (Médina Mayurqa, actuelle ville de Palma), les chrétiens s'en étaient retournés chez eux, et la flotte almoravide avait pris possession des îles. Cependant une guerre de course incessante avait progressivement convaincu les princes de la maison de Barcelone de mettre un terme à ce climat d'insécurité en Méditerranée occidentale, Majorque étant un point central en Méditerranée, avec un port dynamique faisant de l'ombre à ceux de Barcelone, Pise et Gênes. Majorque devait être le carrefour du commerce de l'or venant des mine d'Afrique de l'Ouest, et qui couvrait à 80% les besoins occidentaux de l'époque. La monnaie arabe était puissante, avec le dinar, puis le doublon, elle faisait office d'étalon dans les transactions commerciales. Monnaie qui fût imitée par les rois chrétiens de la péninsule. Jacques 1er portant la croix des templiersUn incident de plus met un jour le feu aux poudres, lorsque le walî de Majorque s'empare d'une nef de Barcelone, et répond insolemment aux envoyés du jeune roi Jacques 1er (Jaume I). Cette fois c'en est trop : les Catalans décident de monter une expédition, malgré les réticences des Aragonais, qui préfèreraient qu'on s'occupe d'abord de Valence. Jaume Ier tranche : ce sera d'abord Majorque.
Jacques 1er à la t^te da sa flotteC’est donc en 1228, avec l'accord du pape, grâce aux bateaux mis à sa disposition par les marins barcelonais, et fort de l'aide des Rics Homens (nobles) catalans que Jacque 1er d’Aragon tentera de s'emparer de Majorque. Sa décision de reconquérir l’archipel aurait été prise à l’instigation des riches commerçants du royaume, au cours d’un festin offert par un armateur de Tarragone, Pedro Martel. Mais loin de ces motivations terre à terre, le jeune roi se sent investi d’une mission divine pour défendre la croix contre l’infidèle et de tous les recoins de son royaume, les guerriers se joignent à sa sainte croisade. Il en vient même de Pau, d’où étaient originaires deux de ses principaux lieutenants, Raymond et Guillaume de Montcade. Du Roussillon arrivèrent 25 vaisseaux divers, 18 terrides de transport et un navire à trois ponts pour le transport des chevaux.

Le débarquement à Santa PonsaLa flotte partie de Collioure, était dirigée par le Perpignanais Nuno Sanç. Ce furent 155 vaisseaux, 15 000 hommes et 1500 cavaliers qui prirent la mer le 1er septembre 1229.
Une tempête ayant malmené les vaisseaux, la flotte modifie sa route et cherche un point de débarquement proche de la cité de Majorque : ce sera Santa Ponsa, non sans avoir obtenu des renseignements de Maures dissidents sur l'îlot de Pantaleu (San Telmo).
Le Roi et le Comte de Barcelone ne disposaient sous leur commandement direct, que les chevaliers et nobles aragonais. Les "Rics homes" (Magnats catalans) et les mercenaires Almogavares étaient sous celui de nobles catalans. Ce qui donna lieu, à de nombreuses scènes de pillage, et de massacres, indépendamment du souhait royal. Le siège de Médina MayurkkaLe 10 septembre au débarquement à Majorque dans la baie de Santa Ponsa, entre Andratx et Palma, gagné par l'impatience de la bataille, Jacques 1er ne prend pas le temps de revêtir toute son armure. Mais des milliers de MaureTroupes chrétiennes et musulmaness les attendent, et le 12 septembre dés le premier contact, 500 jonchent le sol.
Le lendemain Nuno Sanç avec seulement 300 cavaliers, massacre 500 soldats et 100 cavaliers ennemis. C'est également lui qui fait office de diplomate auprès du chef maure à qui il demande de quitter l'île.
Voyant que la guerre ne peut être évitée, c'est aux cris trente fois répétés de "Santa Maria !" et après trois mois de siège que la troupe catalane s'empare de la ville de Palma où s’étaient réfugiés les Musulmans le 31 décembre 1229.
En quelques jours les villes de Bunyola, Artà et Manacor sont libérées. Ce n'est que 3 ans après que toute l'île est occupée. Des points de résistances s'étant organisés à Alaro, Pollensa et Santuyri. Il ne restera plus dés lors de population musulmane sur l'Île.
En 1232 est créé l’évêché de Majorque.
Le campement des chrétiensEn 1235, l'île d'Ibiza est prise à son tour.
Bien qu’annexée par Jacques 1er dés 1231 Minorque sous protectorat de la couronne d’Aragon reste occupée par les Maures jusqu’en 1287.
Les musulmans battus, les îles Baléares sont incorporées au royaume catalano-aragonais. Vainqueur, Jacques 1er veut donner à l’archipel sa dynamique économique.
Afin de les encourager à s’installer à Majorque, il offre des terres à tous ses lieutenants. Une proposition d’autant plus intéressante que ces terres sont en toute franchise de vassalité et de droits seigneuriaux. La répartition des terres et des maisons est bien connue grâce aux livres de repartimientos qui ont été conservés. Le partage s’accompagne d’un programme de colonisation. Le pape Grégoire IX promet aux colons l’octroi d’indulgences, un privilège d’ordinaire résérvé à ceux qui effectuaient un voyage en Terre sainte.
Toujours soucieux de repeupler l’île, Jacques 1er et les principaux propriétaires terriens intègrent les Maures restés à Majorque après la défaite, encouragent leur implantation.
De nombreuses familles roussillonnaises viennent s'installer pour coloniser ces terres nouvelles.
Voici quelques noms de ces colons:
Castell, Coll, Roca, Canals, Pujols, Boher, Soler, Barrera, Massot, Pons, Prats, Alsina...
Jacques 1er divise l’île, comme la capitale, en huit parties. Il s’en réserve quatre, comprenant 5674 caballerias (lots de cavaliers) et distribue les quatre autres, qui comptent 7762 caballerias, à l’évêque de Barcelone et aux trois magnats qui l’ont aidé dans la conquête.
Ces caballerias sont ensuite réparties en lots, compris majoritairement entre 20 et 100 ha, entre les colons. Cette répartition autoritaire des terres et des maisons entre les conquérants et les colons, selon une méthode qui s’inspire directement des règles inégalitaires du partage du butin entre combattants à cheval (caballeros) et fantassins (peones) consolide les différences entre ces deux catégories sociales, elle crée une petite et moyenne propriété.
Chaque lot distribué comprend une maison et un domaine composé de plusieurs lopins de terres de labour auxquels s’ajoutent souvent un jardin (huerta) ou un verger et des parcelles plantées de vigne, de figuiers ou d’oliviers.
La géographie et la morphologie des habitats existants ont été surtout affectées par le départ des musulmans, car les opérations militaires se sont avérées relativement peu destructrices. Les chrétiens se regroupent dans de "gros villages de plaine" qui parfois, se développent à partir d’une ancienne alqueria, mais correspondant toujours à un réaménagement de l’ancien territoire castral, les vainqueurs utilisant telles qu’ils les trouvaient les exploitations d’un pays où la propriété était fort morcelée.
Cette conquête rapide sera suivie de la construction d'une véritable flotte de guerre car les navires musulmans, notamment ceux du roi de Tunis, représentaient une menace permanente.
En 1249 la ville de Majorque avait obtenu du roi la reconnaissance de ses magistrats ; la même année fut créé le "Gran e General Consell" qui soumit les zones rurales des îles Baléares aux habitants des villes, villes qui participaient aux Corts de Catalogne (assemblées représentatives de la couronne d’Aragon réunissant les trois ordres).
Jacques II de MajorqueEn 1262 par son testament Jacques 1er d'Aragon lègue à son second fils Jacques II de Majorque les Baléares, le Roussillon, la Cerdagne et le comté de Montpellier formant ainsi en 1276 le royaume de Majorque jusqu'à ce que les Baléares soient réunies à la couronne d'Aragon en 1347.
Cette courte période d’équilibre politique coïncide avec l’essor économique de l’archipel et une grande effervescence intellectuelle et artistique.
Cette prospérité ne va pas sans susciter les convoitises. Jacques II souverain de Majorque a fort à faire avec son frère Pierre III d’Aragon qui lorgne sur ces richesses. L’opposition atteint son paroxysme lorsque Alphonse III d’Aragon (successeur de Pierre III) occupe l’île de Majorque de 1285 à 1298.
Bien que les insulaires aient ensuite reconquis leur autonomie, l’archipel réintégrera le royaume d’Aragon à l’issue de la bataille de Llucmajor à Majorque en 1349. Jacques III prétant serment
Pierre IV d’Aragon écrase les troupes du roi de Majorque Jacques III qui trouve la mort dans ce combat. Il ne s’ensuit cependant aucun changement sensible du point de vue politique et les privilèges accordés par Jacques 1er et ses successeurs sont maintenus. La prospérité du commerce, concentré surtout dans les ports donne naissance à une aristocratie maritime qui vient se joindre à celle des propriétaires fonciers existant déjà.

Rois indépendants de Majorque de la Maison de Barcelone :
1276 - 1311 : Jacques II dit le Juste, Comte de Roussillon et de Cerdagne et Seigneur de Montpellier
1311 - 1324 : Sanche Ier dit le Pacifique, Comte de Roussillon et de Cerdagne et Seigneur de Montpellier, initiateur du chantier de la Cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Perpignan
1324 - 1349 : Jacques III dit le Téméraire, dernier roi indépendant de Majorque, Comte de Roussillon et de Cerdagne et Seigneur de Montpellier, neveu du Roi Sanche et fils de l'Infant Ferdinand de Majorque, Prince de Morée an Grèce
 
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2 Comments:


  • At 5:17 PM, Anonymous Anonyme

    trés interressant serait il possible d'avoir une liste plus complète des noms des familles qui ont venues coloniser majorques (OLIVERES OLIVARES)

     
  • At 8:50 PM, Anonymous Anonyme

    Je recherche les origines du nom Binimelis, Rotjer, Cervera, Castell et Guarros. Merci